Qui a dit?

"C'est bien taillé mon fils; maintenant il faut recoudre."

Catherine de Médicis, en 1588.

Le 23 décembre 1588, Henri III invite le duc de Guise en son château de Blois.
Cette invitation est un guet-apens: Henri de Guise meurt sous les coups de dagues.
La reine-mère Catherine de Médicis s'alarme des cris entendus au-dessus de sa chambre.
"Madame, ce matin, je me suis rendu roi de France, lui explique Henri III.
J'ai failli mourir le roi de Paris!"
Catherine s'inquiète: "Dieu veuille que cette mort ne soit point cause que vous soyez roi de rien!
C'est bien taillé mon fils, maintenant il faut recoudre."

"Pardonne beaucoup aux autres, à toi rien."

Ausone, en 385.

Ausone (Decimus Magnus Ausonius) est l'un des tout premiers écrivains gallo-romains.
Ce natif de Burdigala (l'actuelle ville de Bordeaux) a enseigné la langue latine puis dirigé au IVe siècle plusieurs provinces de l'Empire romain.
Il connaît la gloire littéraire grâce à des poèmes et des oeuvres de propagande.
Retiré après 383 dans ses villas du bordelais (de vastes domaines avec maisons, champs, vergers, vignes et esclaves), Ausone affiche désormais une feinte modestie.
"Pardonne beaucoup aux autres, à toi rien", écrit-il.
"Il est bien petit, je l'avoue, mon héritage, mais rien ne me semble petit quand on vit sans ambition et dans la concorde", confesse également ce riche propriétaire.
Il avoue éprouver davantage de fierté pour son vignoble bordelais que pour son oeuvre littéraire.
Elaboré sur une terre ayant peut-être appartenu au poète vigneron, le premier grand cru château-Ausone de Saint-Emilion, tout près de Bordeaux, lui rend aujourd'hui hommage.


Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent.

Edgar Faure, en 1966.

Deux fois président du Conseil (c'est-à-dire Premier ministre) en 1952 et 1955, sous la IVe République, Edgar Faure se range dans l'opposition au nouveau régime fondé par Charles de Gaulle en 1958.
Mais huit ans plus tard, il rallie la Ve République et son président en devant ministre de l'Agriculture.
Ses amis du parti radical crient à la trahison.
Le Jurassien leur répond malicieusement, avec son zézaiement et son éternelle pipe de Saint-Claude à la bouche: "Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent."
L'aphorisme de cet amateur de bons mots est souvent cité, mais presque jamais sa source, largement ignorée.
Déjà, en 1791, à la mort de l'orateur révolutionnaire Mirabeau, le journaliste et avocat Camille Desmoulins écrivait: "J'ai pris avec Mirabeau tantôt la trompette et tantôt le fouet (...).
Mais on ne peut pas en conclure que j'ai jamais varié.
Car ce n'est pas la girouette qui change, c'est le vent."



"Votre Majesté a voulu faire de mauvais vers..."

Boileau, en 1688

Louis XIV composait des poèmes, toujours encensés par les courtisans.
Pas dupe, il soumit ses vers en 1688 au jugement de Nicolas Boileau, le grand théoricien de la versification.
Celui-ci avait écrit dans son Art poétique: "Ainsi qu'en sots auteurs, notre siècle est fertile en sots admirateurs."!
C'était aussi un satiriste redouté.
"Sire, rien n'est impossible à Votre Majesté, estima-t-il après avoir lu la poésie.
Ellle a voulu faire de mauvais vers... et elle y a réussi."
Loin de se fâcher, le roi témoigna sa reconnaissance à Boileau.




"La nuit porte conseil"

Ménandre, vers 200 avant J.-C.

L'Athénien Ménandre est le plus célèbre auteur de la Nouvelle Comédie du IVe siècle avant J.-C.
"La nuit porte conseil" écrit-il dans un fragment de pièce perdue.
Dans la comédie "Le Bourru" (ou "Le Misanthrope", qui inspirera Molière deux mille ans plus tard), Ménandre précisera sa pensée: pour lui, la Nuit est tout d'abord une divinité.
Plus que toutes les autres, elle est imprégnée par Aphrodite, célèbre déesse de l'Amour et de la Beauté.
La nuit porte conseil... mais peut-être pas en dormant!


"Pourquoi tu ne te tais pas?"

Juan Carlos 1er, en 2007

Le 10 novembre 2007 à Santiago du Chili, le 17e sommet entre l'Espagne, le Portugal et les pays d'Amérique latine s'est conclu de façon surprenante.
En conférence, le président vénézuélien Hugo Chavez s'en prend vivement à l'ancien premier ministre espagnol José Maria Aznar, le traitant de fasciste.
Son successeur José Luis Zapatero lui demande de montrer plus de respect pour un dirigeant élu démocratiquement.
"Un fasciste n'est pas humain", explose le bouillant président du Venezuela.
"Un serpent est plus humain qu'un fasciste!".
Le roi d'Espagne Juan Carlos se penche en avant et tourne la tête vers Chavez.
En colère, il lui lance: "Pourquoi tu ne te tais pas?"
Puis il quitte la salle.
La phrase, insolite dans la bouche de ce monarque d'habitude réservé, est devenue culte.
"Por qué no te callas?" a été mise en musique (paso doble, hip-hop ou techno) et c'est une sonnerie de téléphone incontournable!


Soldats, droit au coeur"

Maréchal Ney, en 1975.

De retour d'exil, Napoléon Bonaparte débarque le 1er mars 1815 sur la plage de Golfe-Juan à Vallauris, sur la Côte d'Azur.
Le maréchal Ney promet à Louis XVIII de ramener l'ex-empereur "dans une cage de fer".
Mais à Lons-le-Saunier, dans le Jura, il se rallie finalement à "son auguste Emperur"!
Quelques jours plus tard, l'Empire est restauré.
Après la période dite des Cent-Jours (entre le 1er mars et le 18 juin 1815), Napoléon et son maréchal sont battus à l'issue de la bataille de Waterloo.
L'empereur part pour son dernier exil et Louis XVIII retrouve son trône.
Le sort de Michel Ney est scellé.
Il est condamné à mort pour haute trahison.
Le 7 décembre, à Paris, le Brave des braves, sans bandeau sur les yeux, lance au peloton d'exécution son dernier ordre: "Soldats, droit au coeur!"

merci van

merci à toi
je suis pas très d'accord avec la 2ème