La perle des coquillages
Ces matières préciseuses donnent un souffle de raffinement à la décoration marine.
Le burgau: aux reflets violetsPour les artisans d'art, le burgau produit la plus belle nacre dont les couleurs peuvent varier du rouge au vert en passant par le bleu.
Les ébénistes ont utilisé ce coquillage pour des marqueteries précieuses.
Un travail que l'on découvre d'abord en Extrême-Orient, puis en Europe au XVIIIe siècle.
Le burgau est alors plaqué sur des boîtes, des miroirs ou des étuis.
Mais c'est surtout à l'époque de Napoléon III que le burgau devient très à la mode.
On le retrouve sur les petits meubles en papier mâché ou en bois noirci, guéridons, secrétaires, écrans de feu, chaises ou encore sur des objets précieux comme les caves à liqueur.
L'irisation du burgau éclaire les décors de fleurs multicolores.
Les faussaires, actifs en Extrême-Orient ou en Italie, fabriquent de nombreux faux meubles Napoléon III avec des incrustations de burgau.
Le camée des mers: facile à sculpterNe pas confondre le camée en pierre avec celui en coquillage!
Jusqu'au XVIIIe siècle, on sculpte un motif dans une pierre dure, composée de strates superposées de différentes couleurs, comme l'agate ou la sardoine.
D'autres camées sont taillés dans l'onyx, l'améthyste et le cristal de roche.
Les plus beaux modèles antiques sont nés en Grèce dès le IVe siècle avant notre ère.
Ce sont en général des bijoux.
La mode du camée revient de plus belle à la Renaissance, puis au XIXe siècle.
Et le camée en coquillage?
Il ne s'agit pour les puristes, que d'un pâle plagiat.
Et selon les spécialistes, il est beaucoup moins beau que celui en pierre dure.
Il est issu d'un grand coquillage strié de couches roses et blanches, une matière tendre plus facile à travailler et moins coûteuse que l'agate et l'onyx.
On en fabrique aujourd'hui dans de grandes manufactures de la région de Naples.
Le cauri: jadis une pièce de monnaieLorsque les Italiens ont rapporté la porcelaine de Chine au XVe siècle, ils ont supposé, à cause de sa couleur, qu'elle était fabriquée avec ce coquillage broyé qu'ils baptisèrent donc porcellana (porcelaine en italien).
Quant au cauri lui-même, il servait de monnaie en Chine, 2000 ans avant notre ère, et, jusqu'au XIXe siècle, dans une grande partie de l'Afrique.
La tradition de certains pays de ce continent, comme le Soudan, le considère comme sacré et aussi précieux que l'or.
Il orne les différents objets et vêtements de culte.
Il est aussi monté en parures de bijoux.
La coquille: la fine fleur de l'ornementSymbole du pèlerinage, la coquille de Saint-Jacques-de-Compostelle a inspiré les ornemanistes depuis l'Antiquité.
Elle est charmante et si bien dessinée cette coquille, avec ses stries nervurées qui forment un arc de cercle à partir de sa base!
Imposée par les créateurs de la Renaissance, puis sous Louis XIV, la Régence, et sous Louis XV, la coquille devient incontournable.
Elle trône au centre des montants des consoles en bois.
Parfois précieusement ajourée, sculptée de nervures symétriques, elle devient le point de départ de rinceaux, de feuilles d'acanthes.
Sous le règne de Louis XV, la coquille devient l'un des éléments dominants du style rocaille.
Puis, peu à peu, sous Louis XVI, la gracieuse coquille est remplacée par la rigueur des lignes du courant néoclassique.
La nacre: illuminée d'or et d'argentSécrétée par certains mollusques comme l'huître, la nacre est composée de cristaux d'aragonite (issu du carbonate de calcium) et de conchyoline (une protéine) aux reflets irisés.
Ce sont les tabletiers qui travaillent cette matière si dure et si fragile à la fois.
La nacre est d'abord débitée en plaquettes plus ou moins épaisses avant de donner naissance à de petits objets de tabletterie raffinés: manches de couteau, coffrets à bijoux, carnets de bal ou boutons.
Et pour mieux rehausser l'éclat de la nacre, les objets sont parfois cerclés d'or ou d'argent et incrustés de filets, de médaillons ou de motifs floraux.
Le nautile: sublimé de vermeilCe gros coquillage en forme de conque vit dans l'océan Indien.
Les orfèvres, fascinés par sa forme élégante, ses dimensions imposantes (20 cm de diamètre) et la beauté de sa nacre irisée ont eu l'idée de l'enchâsser d'or ou de vermeil.
La grande vogue de ces objets montés se situe fin XVIIe puis au XIXe siècle; d'abord dans les ateliers allemands d'Augsbourg et de Nuremberg, puis par ceux de Dresde et en Hollande, à Amsterdam.
Fréquemment réalisée en vermeil, la monture d'orfèvrerie est l'occasion pour les artistes, de laisser libre cours à leur imagination.
La base qui supporte le nautile représente souvent un satyre au pied fourchu ou une sirène, un dauphin ou un triton, rappelant l'origine marine du coquillage.
Plus étonnant, le nautile devient parfois le corps d'un animal fantastique ou la coque d'un navire.
La nacre était polie, parfois même inscrustée d'or ou de pierreries, voire gravée.
Le saviez-vous?Méru, capitale de la nacreAu XVIIe siècle, les tabletiers parisiens, qui travaillent la nacre et le coquillage, deux matières naturelles livrées dans la capitale par la Seine, confient leurs enfants aux nourrices de Méru (Oise).
Ces mêmes tabletiers prennent en apprentissage des jeunes de la commune.
Grace à ces échanges, les artisans s'installent dans la région et fabriquent des objets de luxe: éventails, coffrets, bijoux divers...
Le musée de Méru, à 50 km au nord de Paris, rend compte de leur travail.
On peut y admirer de précieux objets d'art créés et ouvragés dans de la corne, de l'écaille, de la nacre et du coquillage.
MUSEE DE LA NACRE ET DE LA TABLETTERIE
51, Rue Roger-Salengro
60110 Méru
Tél: 03 44 22 61 74
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